Il est de ces poèmes qui, loin d’être poussiéreux comme on pourrait le croire, traversent les temps et même les frontières. Ecrit en 1932, Le Pont Mirabeau, de Guillaume Apollinaire, est un de ces géants profondément moderne.
Par cette écriture incantatoire, par ses vers aux harmonies sonores et fluides, il a su toucher de nombreuses générations, jusqu’à venir encore, de nos jours, nous révéler toute sa beauté, toute sa grandeur.
L’amour, qui s’étiole et disparaît au passage du temps, se mêle dans ces lignes à la constante métaphore de l’eau qui coule sous le pont, emportant tout sur son passage.
L’universalité de cette thématique de l’amour, l’intense musicalité de ce poème, ont touché grand nombre d’artistes.
Sensible à cette œuvre atemporelle, je n’ai pu résister à l’envie d’en exprimer sa beauté sur la toile d’un parapluie. J'ai tenté de structurer les strophes en divers arcs, qui reprennent sur la toile l'image du pont. A certains endroits du parapluie, certains vers ondulent en référence à l'eau qui court. Ce parapluie, je l'ai voulu sobre, pour mettre le poème en évidence, mais avec un brin de fantaisie alliant statisme et mouvement. Ce parapluie, c'est ma version du poème, ma vibration, ma manière de le porter vers le monde. Les belles expressions des hommes ont leur place en tout lieu et en toute heure, elles véhiculent des émotions telles qu’aucune frontière, ni géographique, ni linguistique, ne peut les entraver.
Photo by Evina Müller/Parapluie Le Pont Mirabeau
De la simple lecture, à la mise en musique pour être chanté, je cite ici quelques uns de ces très nombreux artistes qui ont rendu hommage à ce poème d’anthologie.
- Gérard Philippe (L’acteur bien connu aussi pour avoir prêté sa voix à l’œuvre de Saint Exupéry « Le Petit Prince »), en a fait la lecture, ainsi que Jean Vilar, Jean Marais... et beaucoup d’autres encore.
- 1953 : Léo Ferré, l’a mis en musique et interprété. Sa version sera reprise, entre autre, par :
- Yvette Giraud : « 50 succès essentiels (1950-1962) »
- Cora Vaucaire : Deuxième partie des années 50
- 1997 : Michel Delpech : « 1953 Les plus belles chansons françaises » Compil de chanteurs
- 2013 : Anne Sofie von Otter : Album « Douce France »
Autres versions musicales : - 1972 : Serge Reggiani : Album « Le vieux couple »
- 1976 : George Brassens : Référence faite au poème dans la chanson « Les Ricochets » […] On ne s'étonnera pas, Si mes premiers pas, Tout droit me menèrent, Au pont Mirabeau, Pour un coup de chapeau, A l'Apollinaire, A l'Apollinaire […]
- 1977 : Lionel Daunais : Alliance des chorales du Québec « Six poèmes de Guillaume Apollinaire »
- 1980 : Marcel Mouloudji : Album « Mouloudji chante paris »
- 1991 : Henri Tachan : Album « Le Pont Mirabeau »
- 1995 : Le groupe anglais The Pogues (dans une version traduite) […] Below the Pont Mirabeau, Slow flows the Seine, And all out loves together, Must I recall again, Joy would always follow, After pain […]. Album “Pogue Mahone”
- 1996 : Le groupe Pow woW : Album « Quatre »
- 2001 : Marc Lavoine : Album « Marc Lavoine (2001) »
- 2013 : Les Têtes raides : Album « Corps de mots »
- 2014 : Louisa Bey : Album «T for 2»
- 2015 : Desireless & Operation Of The Sun : Album et spectacle «Guillaume»
- 2016 : Theo Y,日本語 : Une magnifique lecture en version japonaise (Dont vous trouverez ici la bande sonore :
De très nombreuses versions et interprétations françaises pourraient se rajouter à cette courte liste, sans compter bien d’autres versions et interprétations internationales.
Eh oui ! C'était quelqu'un, Monsieur Apollinaire !
Depuis la création de ce petit joyau de la poésie française, beaucoup… beaucoup… beaucoup d’eau a coulé sous le Pont Mirabeau, et pourtant, il est là, toujours là, et bien présent ! Chapeau bas à ce précurseur du mouvement surréaliste !
Chapeau bas, l’artiste !
Rendu si célèbre à travers le monde, par Guillaume Apollinaire et la force de sa plume, ce pont de Paris porte sur lui une plaque en sa mémoire, gravée des premiers vers du poème.
Le Pont Mirabeau
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Les mains dans les mains restons face à face
Tandis que sous
Le pont de nos bras passe
Des éternels regards l’onde si lasse
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
L’amour s’en va comme cette eau courante
L’amour s’en va
Comme la vie est lente
Et comme l’Espérance est violente
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Passent les jours et passent les semaines
Ni temps passé
Ni les amours reviennent
Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Vienne la nuit sonne l’heure
Les jours s’en vont je demeure
Guillaume Apollinaire
Recueil : Alcools (1913)
Plein de bisous à toi, petit navigateur des Océans du Net ! <3